Pourquoi je...?

Pourquoi je ne me suis pas suicidée ?




Pourquoi je ne me suis pas suicidée ? cherche avant tout parler du suicide d‘un point de vue, à la lueur des médias… ou pas.



Extrait 


X ou plutôt XX décide de se suicider. Fuck la société ! Elle a "voté" la mort (pour les démocratiques), mais surtout pour prouver que l'UN peut avoir raison sur le multiple. Elle se dit qu'elle a des droits, qu'elle a des devoirs et le devoir d'user de ses droits. Voilà. Elle est de la génération qui n'a plus d'idées politiques et qui s'en fout, parce qu'elle se fout du passé. Et qui ne comprend rien au problème israélo-palestinien parce que c'est du passé, qu'on subi au présent, et dont on ne sortira jamais… De toute façon, elle s'en fout. Parce qu'aujourd'hui elle n'a plus la télé, elle a décidé de se suicider. Ça y est. Elle se dit que le temps n'aura pas raison d'elle, et que tant qu'à mourir, elle choisit "l'âge tendre" de Barbara. Elle est de la génération du chômage et du SIDA, pour elle vieillir, c'est renoncer et faire l'amour c'est danger. Mieux vaut baiser. Surtout les autres… Parce que c'est connu "l'Enfer c'est les autres", c'est pas d'elle, mais c'est vrai. Alors mieux vaut être le premier à partir en fumée. Pour finir en beauté, XY va se documenter sur Internet et en bibliothèques. Le 1 mai 2009, elle tombe sur un numéro spécial de la revue surréaliste "Le Disque Vert" de Bruxelles dédié à l'auto-suppression. Elle y apprend que

"Par le suicide, je me reconquiers, je réintroduis mon dessein dans la nature, je choisis ma pensée, la direction de mes forces, de mes tendances, de ma réalité".

XY : Quelle merde! Le JE est omniprésent quand c'est le VOUS qui m'y pousse. Comment ne pas tomber dans un individualisme primaire quand mon geste se veut contestataire? Je ne veux pas mourir pour retrouver "MA réalité", mais pour prouver que cette réalité là n'est pas la bonne, que la société s'est trompée…

XY est en pleine contradiction. Elle ne veut pas donner raison aux autres, mais elle ne sera plus là pour argumenter après. Alors que faire? Elle cherche, mais ne trouve pas. Elle sait juste qu'elle veut se suicider.

XY : Non, ça ne marche pas. Aujourd'hui pour faire bouger les consciences, faut passer au JT du dimanche. On ne croit que ce qu'on voit et le suicide, par déontologie, on ne le montre pas. Pour contredire la société il faut l'attaquer, sur son terrain. Je vais me suicider dans l'espace public, là où c'est chez personne et tout le monde à la fois ; là où ça ne se fait pas, sauf pour les fous, les anonymes, les kamikazes et les terroristes.
Et puis si on ne me comprend pas, m'en fout, j'serai plus là.

Un mal-être l’emplit… innommable…imprécis

© Elsa Mingot